Monsieur
le Sénateur,
Suite
au rejet par l’Assemblée Nationale de l’amendement 823 à la Loi sur la
Transition Energétique, présenté par Madame Pompili, nous nous permettons de
vous faire part de nos observations et de vous suggérer des modifications des
articles 7, 7bis et 7ter. Ces modifications, d'évidence équilibrées, présentent
l'avantage, d'une part, de préserver les droits élémentaires des personnes
électrosensible et la santé publique, d’autre part, de répondre à la nécessité
collective d’économiser l’électricité en période de pointe.
La
raison du rejet de l’amendement 823, suivant Madame Sabine Buis, est qu’une
expertise du CRIIREM aurait montré qu’il n’existe ni risque sanitaire aigu ni
effet physiopathologique à craindre, le niveau d’ondes électromagnétiques étant
conforme à la réglementation en vigueur.
Hors l’expertise du CRIIREM confirme exclusivement
la conformité à la règlementation en vigueur, règlementation dont le bien-fondé
est contesté par le CRIIREM lui-même ainsi que par de nombreux scientifiques. Cette expertise ne démontre en aucun cas
l’absence de risques sanitaires.
Le
compteur Linky utilise des courants porteurs en ligne pour transmettre
l’information de l’abonné au fournisseur d’énergie. Ces courants porteurs,
transportés sur des lignes inadaptées et en particulier non blindées, génèrent
une pollution électromagnétique basse fréquence sur le réseau, à laquelle
l’ensemble de la population est exposée,
en particulier mais pas uniquement à proximité des prises électriques,
conducteurs électriques etc … Cette
pollution est susceptible de poser des problèmes de santé publique.
Le
compteur Linky, via son module EPR, utilise des transmissions Hertziennes pour
les communications à l’intérieur de l’habitation entre les appareils consommateur
d’énergie et le compteur. Ces transmissions Hertziennes sont susceptibles de
causer des problèmes de santé, ce qui d’ailleurs est également le cas par
exemple du Wifi ou du téléphone sans fil, également présents à l’intérieur des
habitations.
Est
à noter que les personnes électrosensibles (personnes qui pour une raison ou
une autre ont eu la possibilité de faire le lien entre des symptômes observés
et l’exposition aux ondes électromagnétiques) ont eu jusqu’ici la possibilité
de ne pas utiliser à l’intérieur de l’habitation des appareils émetteurs. Cette
possibilité constitue une forme simple mais relativement efficace de
protection, en particulier pour des personnes vivant à distance respectable des
antennes relais et autres émetteurs « collectifs ».
L’introduction
d’émissions radiofréquences obligatoires
à l’intérieur de l’habitation, qui résulterait de l’application de la
loi sur la Transition Energétique dans sa formulation actuelle, constituerait
un acte d’agression gratuite contre les personnes électrosensibles pour
lesquelles le lieu de vie est souvent le dernier refuge. Même l’attitude
négationniste prônée par certains, visant à nier la réalité physique de
l’électrosensibilité, ne saurait justifier un acte d’agression contre des
personnes déjà affaiblies. En tout état de cause et indépendamment de la nature
physique ou psychologique de l’électrosensibilité, l’introduction d’émissions
électromagnétiques supplémentaires à l’intérieur même des habitations est une
atteinte notoire portée à l’intégrité physique et mentale de ces personnes.
Nous
tenons également à attirer votre attention sur le fait que si les le nombre de
personnes se déclarant ouvertement comme électrosensibles est aujourd’hui
relativement limité, le nombre de personnes souffrant de maladies dues partiellement ou totalement
à l’exposition aux ondes électromagnétiques est
élevé.
C’est
en considération de faits similaires que le Conseil de l’Europe, dans sa
résolution 1815, a préconisé l’application du principe ALARA (« As Low As
Reasonable Achievable », soit « exposition aussi faible que
possible ») et le respect des droits des personnes électrosensibles. Nous
demandons le respect de ces principes dans la loi sur la Transition
Energétique.
En
particulier, les appareils et logements
connectés sont fixes, et peuvent être connectés de manière filaire ou par fibre
optique. La transmission des données du compteur vers le fournisseur peut se
faire par les réseaux filaires ou fibre optique existants des opérateurs de
télécommunications. Il est donc inutile d’introduire des Courants Porteurs en
Ligne.
A
l’intérieur des habitations, la transmission à l’intérieur du logement peut se
faire par le bus (filaire) existant « Télé Information Client », qui
peut être blindé et dont l’utilisation semble d’ailleurs prévue dans les rares
logements qui en disposent, ou idéalement par fibre optique. Il n’est donc pas
indispensable d’utiliser des transmissions Hertziennes à l’intérieur des
habitations.
Nous
demandons donc la modification de la loi, et en particulier de ses articles 7,
7bis et 7ter, de manière à respecter les points suivants :
1) la transmission de données
entre le compteur « intelligent » et le fournissseur d’énergie doit
se faire par les réseaux filaires existants des opérateurs de télécommunications.
2) les fournisseurs d’énergie doivent proposer une option “sans compteur
intelligent”, qui pourrait d’ailleurs être déclinée en plusieurs “nuances”.
Le coût de cette option doit être modéré et en rapport avec le manque à
gagner effectif des fournisseurs d’énergie lié à la non-utilisation du
compteur intelligent.
3) un système alternatif comportant des compteurs intelligents
compatibles avec les transmissions par fibre optique ou bus filaire (type
“télé information client") à l’intérieur de l’habitation doit être
obligatoirement proposé aux clients souhaitant utiliser un compteur
intelligent sans transmissions hertziennes.
|
Le
point (1) a pour but de ne pas exposer inutilement la population générale
(principe ALARA) et permettra également une économie dans la mesure où le doublage des réseaux de télécommunication existants pour
une application représentant des débits marginaux est évité. Il ne présente
aucune difficulté particulière si ce n’est la nécessité d’une négociation entre
les fournisseurs d’énergie et les opérateurs de télécommunications, négociation
qui nous semble conforme à l’intérêt commun.
Le point (2) se rapproche de ce qui est déjà
pratiqué dans plusieurs Etats des Etats-Unis et a pour but de respecter les
droits humains élémentaires des personnes électrosensibles. Les personnes se
considérant non concernées, à savoir la grande majorité de la population, n’ont
aucune raison de choisir une option qui entraîne un coût supplémentaire et n’a
que des inconvénients mineurs. Le point (2) s’oppose à la politique répressive
actuellement prévue dans laquelle une amende de 1500 euros ne libérant pas de
l’obligation d’installation du compteur serait applicable aux personnes
électrosensibles.
Le
point (3) vise à ne pas exclure de l’effort collectif d’économie les personnes
électrosensibles.
Vous
noterez que notre demande vise exclusivement à préserver la santé publique et
le respect des droits de l’homme, et que le respect du point (1) se traduirait
en outre par une économie et non par un coût supplémentaire.
Dans
la mesure où l’amendement no 823, qui allait
dans le sens de notre demande et du souhait de l’ensemble des associations
impliquées dans la lutte contre la pollution électromagnétique, a été rejeté
par l’Assemblée Nationale, c’est au Sénat qu’il appartient aujourd’hui de faire
prévaloir la raison dans le débat en cours.
Nous
vous remercions donc par avance de toute l'attention que vous voudrez bien
porter à la présente, tout comme de bien vouloir proposer, appuyer et/ou voter
des amendements allant dans le sens de notre demande.
Pour
la Coordination Nationale des Collectifs Contre les Antennes Relais.
Vincent
Lauer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire